Connaitre la pêche de la dorade en bateau

peche dorade royale en bateau

Après l’article sur la pêche de la daurade depuis le bord, passons maintenant à une autre technique tout aussi efficace..

3. La dorade en bateau

Que ce soit en Atlantique ou en Méditerranée, les dorades circulent en tous milieux susceptibles de leur apporter la nourriture avec abondance. Les pêcheurs en bateau sont des pêcheurs heureux tant ils ont de possibilités qui s’offrent à eux. Le pêcheur en bateau est un solitaire qui a la possibilité de s’écarter de la foule pour satisfaire son envie de combats.

J’ai personnellement vécu des moments mémorables grâces aux dorades méditerranéennes comme celles du bassin d’ Arcachon. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que nos chéries d’Atlantique ne sont pas si différentes de leurs cousines du sud…


Les secteurs de recherche

‹‹‹ Les parcs à coquillages sont des cibles privilégiées pour les bancs de dorades. Conscientes de la nourriture qu’elles y trouvent, elles passent leurs journées à passer de l’un à l’autre…

Une fois de plus la nourriture semble être le maître mot pour les dorades. On ne peut donc faire autrement que penser qu’elles sont véritablement insatiables. Le bateau à l’avantage d’accéder à des postes éloignés du contact humain et de l’exubérance estivale. On peut accéder à des secteurs protégés qui voient passer les dorades par milliers, des plus petites aux plus grosses. Ceci est le cas des bancs de roches de Frontignan, de la Grande Motte, des filières de Sète et des abords des parcs à huîtres du bassin d’Arcachon (entre autres secteurs indénombrables). En bateau, peu importe la profondeur ou les courants, on peut trouver et capturer la dorade dont on se souvient toute sa vie.

‹‹‹ Tous les grands chenaux profonds sont des postes intéressants. Moins faciles à identifier que les parcs à huîtres ou à moules, ils sont pourtant les seuls lieux de passages pour atteindre ces derniers…

N’oublions pas que la dorade est un poisson assez craintif qui est difficile à tromper. L’agitation et le bruit que l’on rencontre près des côtes ne favorise en rien un comportement serein chez nos poissons préférés alors qu’en bateau la situation est toute autre ! Jetez vous donc à proximité de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un élevage de coquillage (mais par pitié attention à ne pas entrer dans les parcs et à ne pas dégrader l’environnement), marquez les points des bancs de roches importants, repérez et enregistrez les trous rocheux et enfin tentez de vous installer dans les secteurs stratégiques que nous avons déjà évoqués lors des précédentes techniques.

Les grands goulets, parfois gigantesques comme ceux du bassin d’Arcachon (Chenaux du Courbey, du Teychan, de Gujan…) sont ainsi d’excellents postes de mouillage pour attendre les passages de dorades. Placez vous donc à proximité de tout ce qui peut attirer la convoitise des dorades ou sur les secteurs de passages obligés entre deux zones d’alimentation.


Les périodes favorables

Les périodes favorables dépendent de la région où l’on pêche. En Méditerranée, les moments privilégiés sont du matin, entre le lever du jour et les coups de 11 heures. Passé ce délais, les bateaux se font trop nombreux, le bruit s’accentue et la chaleur devient écrasante. Vous pouvez aussi tenter votre chance à la tombée de la nuit en prenant poste sur une zone d’alimentation. En Atlantique, et plus précisément au Bassin, les dorades ne semblent pas aussi sensibles au bruit compte tenu des courants plus forts et des fonds importants. Toutefois, elles se manifestent aussi à des moments précis qui sont orchestrés par le mouvement des marées.

‹‹‹ Durant l’étal, les prises peuvent se succéder à un rythme effréné. Il convient donc de ne pas perdre de temps et de brider les poissons autant que possible pour ne pas effrayer le banc.

Remarque, il est toujours préférable d’accéder au poste deux heures avant l’étal de basse mer de manière à prendre un contact aussi précis que possible avec les fonds et le poste. Le moment ultime de la pêche se fait généralement dans la tranche comprise entre l’heure précédent et l’heure et demi suivant l’étal.

Cela laisse entre deux et trois heures de pêche effective en fonction des conditions. Les coefficients de marée semblent être meilleurs lorsqu’ils sont costauds que lorsqu’ils sont faibles. Apparemment, cette constatation met en exergue un apport plus important de nourriture avec des coefficients supérieurs à 70.


Les stratégies

‹‹‹ Il est capital de rechercher la dorade là où elle se trouve, ou mieux, d’intercepter ses axes de passage. Ceci impose naturellement une bonne connaissance de sa région…

Les stratégies de pêche sont diverses et, comme en pêche de bord, s’adaptent au type de poste exploré. Comme nous l’avons déjà souligné à de nombreuses reprises, les dorades peuvent être interceptées sur des zones appelées zones d’alimentation et sur des secteurs de passage qu’elles empruntent pour relier deux zones d’alimentation éloignées. Dans le premier cas la bonne technique consiste à mouiller à proximité du poste intéressant, de préférence en aval pour pratiquer une pêche amont. La pêche amont consiste à lancer sa ligne dans la direction du courant descendant afin de coucher la ligne au fond (voir croquis ci-dessous). Bien souvent, les pêcheurs pêchent en aval et perdent beaucoup de poissons, et ce pour plusieurs raison :

Le courant crée un ventre important dans la ligne qui perd d’autant plus de sensibilité que le courant est fort.

Le ventre créé a tendance à soulever la plombée et oblige à surplomber la ligne pour tenir au fond, d’où un manque de discrétion inacceptable pour la dorade.

peche dorade bateau

La pêche amont supprime ces deux inconvénients majeurs qui font perdre de très nombreux poissons. Précisons qu’en cas de fort vent, il est nécessaire de poser un deuxième mouillage de sécurité destiné à garder le bateau dans le bon axe de dérive. Mis en travers, le bateau engendre en effet une dérive non régulière et produit une perte d’efficacité notable en matière de sensibilité et de ferrage. En pêche amont, même si la touche est plus criante qu’en pêche aval, elle reste néanmoins difficile à percevoir. Le courant agissant sur la ligne perturbe la bonne sensation des touches si vous ne prenez grade à récupérer au fur et à mesure le trop plein de ligne. En effet, le montage dérivant vers vous avec le courant, la ligne crée un ventre qui absorbe les touches des poissons si elle n’est pas emmagasinée dans le moulinet. Si cette règle est bien respectée, vous pourrez sentir les touches avec suffisamment de précision pour ferrer énergiquement au moindre démarrage. Il n’est pas rare d’enregistrer des touches très violentes dans ces conditions, ce qui, bien sûr, ne nous exempt pas de ferrage…

peche dorade en bateau

Ci-contre : les scions buscle en fibre de verre ne sont pas toujours utilisables, notamment en Atlantique qui impose de sélectionner des pointe en carbone plein, plus rigides… Par contre, ils deviennent un atout considérable dès que les courants ont cessé et que la pression de l’eau se fait moins grande. Ces scions offrent une bien meilleure lecture des touches et favorisent la réaction de ferrage.

Cette méthode est tout autant recommandée pour pêcher des secteurs d’alimentation que des zones de passage, toutefois ces dernières peuvent également être prospectées autrement. La dérive est une spécialité méditerranéenne qui s’avère possible du fait de la relative lenteur des courants en présence. Les courants atlantiques étant très rapides et puissants, il est pratiquement inconcevable de pratiquer une telle technique.

‹‹‹ En Méditerranée comme ailleurs, la pêche de la dorade entraîne souvent la prise d’autres espèces à l’image de ce corb piqué au large de carnon. On peut aussi prendre des gros sars à la défense tonitruante. Les plus chanceux prendront quant à eux de bien jolis bars qui fréquentent également les mêmes zones d’alimentation.

En revanche, les côtes méditerranéennes y sont parfaitement adaptées, tant au niveau des fonds que des courants. La dérive consiste à repérer une zone de passage intéressante sur laquelle on pense trouver des dorades (ou d’autres espèces). La dérive permet d’explorer tout le secteur en laissant le bateau descendre le courant ou le vent, car les deux forces peuvent intervenir, parallèlement, en opposition ou individuellement. Les lignes sont alors traînées doucement sur le fond, mouvement qui s’est toujours avéré très efficace.

‹‹‹ En dérive, l’attention doit être de tous les instants. Le temps qu’il faut à la dorade pour vous chiper l’appât ou pour tout recracher est si rapide que cela dépasse votre propre réflexion. Soyez donc très vigilent.

Dans le cas où vous pensez être en mesure de longer un banc de roches (par exemple), la conduite de la dérive est importante car elle doit tenir compte du poste à pêcher pour que le passage des appâts se fasse correctement. Dans ce cas il est donc important de marquer précisément au sondeur le profil des fonds pour orienter le bateau et entamer la dérive au bon moment. En dérive les touches sont immédiates et doivent instantanément entraîner la libération de la ligne afin que le poisson ne sente par la présence. Ce réflexe doit être instinctif et immédiat, raison pour laquelle je conseille de pêcher avec le pick-up ouvert, la ligne étant maintenue par la main. Le ferrage ne peut avoir lieu qu’après quelques secondes d’attente. Il n’y a dans ce cas aucune possibilité de sentir le poisson engamer l’appât, l’efficacité du ferrage étant tributaire de la rapidité avec laquelle on a lâché la ligne.


Les montages pour la pêche à la dorade en bateau

montage peche dorade en bateau

Je présente ici deux montages destinés pour l’un à la pêche en dérive et pour l’autre à la pêche amont. Le premier se veut d’une grande discrétion, destiné principalement à améliorer la sensibilité par courant descendant. Il faut en effet lutter contre l’absence de sensibilité créé par le mouvement permanent du bateau. On utilise donc une plombée décalée qui élimine le poids du plomb sur la ligne en autorisant de ce fait une prise en gueule plus franche de l’esche.

Le second montage est destiné à la pêche amont. Comme dans ce cas la sensibilité est contrariée par la dérive de la ligne, il est important que le plomb soit utilisé comme plomb de touche. Ce principe transmet la touche par le poids du plomb qui est minimisé par l’avancée continuelle de la ligne. Ce montage est on ne peut plus classique mais se distingue malgré tout par le tube silicone qui supprime les emmêlements de la ligne.


peche dorade royale en bateau

J’ai été témoin de la prise de très nombreux poissons en bateau dont les plus grosses dorades qu’il m’ait été donné de voir. La plus grosse pesait 5,4 kilos et a été capturée sur les filières de Sète. Ce poisson prenait toute la largeur d’un capot de R5… Guidé par un de mes meilleurs amis sur le Bassin d’Arcachon, j’ai également pu me rendre compte de l’exceptionnel pouvoir de défense de la dorade. Je voue personnellement une adoration particulière à ce poisson et vous invite à vous joindre à tous les fous de dorades de France. Toutefois, sachez que cette maladie n’a pas de remède, seulement des calmants, plus ou moins puissants et pourvus d’écailles …

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